Une école où les enfants sont heureux?

« Oh non c’est les vacances ! »

C’est ce qu’on entend à l’ESL à l’approche des vacances. Ce n’est pas commun dans une école !

Mais chez nous, c’est habituel.

Quand j’étais professeure des écoles, plusieurs de mes élèves de CM2 n’aimaient pas l’école. Ils ne voulaient pas y aller et me confiaient assez régulièrement qu’ils avaient hâte de finir leur scolarité.

Ici à l’ESL, non seulement les élèves montrent de l’enthousiasme à venir, mais ils sont souvent déçus de partir en vacances.


Avant d’inscrire leur enfant dans notre école, les parents peuvent se demander s’il va s’épanouir et être heureux, tout simplement. Avec le temps, des parents nous racontent qu’au fil du temps, leur enfant (re)commençait à s’ouvrir aux autres, à sourire et à avoir confiance en lui.

 
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Il faut quelques heures pour certains, plusieurs semaines pour d’autres, mais tous les élèves trouvent leur place : ils se font des ami.e.s, ils jouent, rient, courent toute la journée. Ils évoluent en toute confiance dans l’école. 

Il arrive que des nouveaux élèves restent dans une pièce pendant plusieurs jours ou semaines, loin des autres. Au fil des mois, on peut les voir de plus en plus souriants et qui discutent avec les adultes et d’autres élèves plus facilement. De plus en plus, ils vont dans d’autres pièces de l’école, s’invitent dans des groupes d’amis et s’en font à leur tour.

L’adulte n’ayant pas d’autorité arbitraire, ils ne les craignent pas quand ils rentrent dans une pièce et on peut discuter avec eux assez facilement. Ils n’ont plus à se soucier de devoirs à faire, de cours à suivre, de lignes à copier. Ils consacrent tout leur temps à quelque chose qu’ils aiment faire.

 
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Ils n'ont pas de limite de temps pour leurs activités, et peuvent donc faire la même chose toute la journée. Ce n’est pas un problème dans notre école. A l’école traditionnelle, chaque activité est minutée, et si l’élève n’a pas terminé, il peut presque être sanctionné s’il veut continuer. En observation en classe de maternelle, je l’ai vu plusieurs fois. Un élève passionné par la peinture, qui ne voulait utiliser qu’un seul type de couleur et d’outils, et qui ne voulait faire que ça toute la journée. J’ai vu la professeure le reprendre, l’inciter, voire parfois l’obliger à utiliser d’autres couleurs ou d’autres outils, et finir quand elle l’avait décidé, non pas quand l’élève avait décidé que sa peinture était terminée.

Dans notre école, une des seules limites est de ne pas détériorer le matériel. Les élèves peuvent, s’ils le souhaitent, faire la même activité de 8h30 à 17h30, sans interruption. Ils reviennent avec le sourire et continuent leurs activités interrompues la veille. Chaque élève fait ce qu’il aime ou ce qui le passionne et s’entoure de personnes qu’il apprécie.

Par exemple, certains élèvent peuvent passer une journée entière dans la salle de motricité, à jouer à des jeux classiques comme au loup, ou à cache-cache. Ou bien ils inventent des jeux ensembles, et  créent leurs propres règles.

Spécifiquement en période de coronavirus, les élèves ont dû être inventifs pour trouver des jeux sans aucun contact et en gardant une distance de 1 mètre à tout moment. Et ils en ont trouvé !

 
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Alors, bien sûr, il existe des conflits. Ce n’est pas toujours tout rose. Mais ces conflits ne sont pas étouffés par des adultes qui décident que la « querelle d’enfant » ce n’est pas important. Ce ne sont pas non plus les adultes qui vont forcément régler les conflits des élèves. La plupart du temps, l’aide des pairs est plus impactante que l’aide d’un adulte. Et quand le conflit déborde et que, par exemple, des insultes sont lancées, le CJ est concerné. Dans ce cas-là une enquête est établie, et un rapport qui relate les faits est rédigé. Les 4 jurés du CJ ne vont pas se mêler de leur conflit interne, car c’est parfois très personnel et les élèves concernés n’ont pas forcément envie de le raconter devant 4 personnes qu’ils connaissent parfois très peu.

Les conflits font partis du processus d’apprendre à vivre ensemble. C’est difficile pour tout le monde de ne jamais se disputer avec quelqu’un. Et je pense qu’au contraire, les disputes sont saines dans une relation. Cela permet que chacun pose ses limites émotionnelles et apprenne à mieux se connaître.

Pour conclure, je suis convaincue que nos élèves sont heureux dans notre école. Malgré les quelques difficultés à surmonter pour vivre ensemble, nous les voyons souriants et ayant envie de revenir à l’école. Une phrase que l’on a entendu chez les jeunes quand leur parent venait les chercher « Oh non pas déjà, j’ai pas eu le temps de jouer ! » alors qu’il ou elle a joué toute la journée !

C’est dire à quel point ils sont contents de venir à l’école.

Mélanie EsseulComment