À quoi ressemble une école Sudbury?
Comment résumer une école Sudbury?
Ce n’est pas toujours évident de présenter ces concepts d’une manière à la fois complète et synthétique.
À l’occasion du confinement, l’école Arts & Ideas à Baltimore (USA) a créé une vidéo pour leurs portes ouvertes virtuelles.
La présentation est tellement bien faite que nous avons voulu la partager avec vous en français !
Nous l’avons donc traduite et (un peu) résumée dans cet article de blog.
Enjoy!
Les écoles démocratiques
Les écoles démocratiques existent depuis 100 ans, et la Sudbury Valley School (SVS) depuis 50 ans. Pourtant ce choix d’école est un réel changement de paradigme par rapport au modèle scolaire conventionnel.
Les enfants peuvent vraiment s’épanouir lorsque les parents s’engagent à les soutenir dans leur éducation dans notre école.
Lorsque nous affirmons être une école Sudbury, cela veut dire que nous nous basons sur le modèle la Sudbury Valley School, qui a ouvert en 1968 aux Massachussetts, et qui après 50 ans fonctionne toujours aussi bien.
Une autre manière de décrire notre école est de dire que nous sommes une école démocratique auto-dirigée. Il y a une trentaine d’écoles Sudbury aux USA, et bien plus encore à travers le monde.
Les fondateurs de la SVS ont été en partie inspirés par d’autres penseurs de l’éducation, et particulièrement par A. S. Neill, fondateur de Summerhill (Royaume-Uni) en 1921, et toujours ouverte depuis. Neill pensait que les écoles devaient s’adapter à l’enfant plutôt que l’inverse. Et de manière similaire, les fondateurs de SVS pensaient que les enfants sont simplement des êtres humains et devraient bénéficier des mêmes droits humains et du même respect que celui dont bénéficient tous les autres êtres humains.
Je crois que ce qui définit réellement notre école, c’est que nous faisons confiance aux enfants. Nous avons confiance dans le fait que nos enfants sont biologiquement motivés pour apprendre. Ils sont les êtres les plus curieux, motivés et créatifs qui existent, prédisposés pour tout apprendre sur le monde qui les entoure.
Notre première tâche est de préserver et protéger ces dispositions naturelles, et de ne pas nuire.
Pour nous, l’école est un endroit où pratiquer la vie en faisant ses expériences, avant que les plus grands enjeux de la vie adulte débutent, comme par exemple payer son loyer, rembourser son emprunt bancaire, gérer son temps à l’université, ou faire face à la perte de son emploi.
Ici, les enfants ont droit à une réelle indépendance, dans un environnement scolaire sûr et fiable, pour d’apprendre à être responsable d’eux-même.
Durant leur journée scolaire, ils sont acteurs de leur vie et contrôlent leur temps. Mais cela ne veut pas dire que l’on vous demande d’avoir une « famille Sudbury » ou que les enfants en dehors de l’école devraient pouvoir faire tout ce qu’ils veulent. Au contraire ! Nous apprécions les valeurs et les différents « backgrounds » que les enfants amènent à l’école. Mais l’école c’est l’école, et la maison c’est la maison.
Toutes les écoles qui se basent sur la Sudbury Valley School ont leurs caractéristiques propres et leur personnalité, mais nous partageons tous des principes communs :
Une démocratie qui fonctionne
Le Comité de Justice
Le comité de justice a déjà été décrit comme étant le coeur de l’école. C’est assez drôle si on y pense, parce que le CJ a lieu lorsque quelqu’un enfreint une règle. Alors pourquoi décrirait-on le CJ comme étant le coeur de l’école ?
Capture d’écran de la vidéo d’Arts & Ideas
Parce que c’est juste et équitable. Parce que c’est là que les élèves sont écoutés et où l’on croit en ce qu’ils disent. Ils ont le pouvoir de défendre leur point de vue et de prendre soin de leur communauté. Le CJ est le meilleur moyen dont nous disposons pour que les choses restent équitables et justes.
Le délégué du comité de justice est en général un élève, qui peut avoir 9 ou 17 ans. Son rôle est de mener la réunion de manière fluide et équitable. Nous utilisons les Robert’s Rule of Order pour nos réunions (ndt : règles de délibération utilisées aux États-Unis)
Le délégué peut par exemple expliquer comment se passent les choses à un nouvel élève ou à un élève plus jeune pour l’aider à suivre le processus, et pour empêcher que ça devienne personnel ou moralisateur comme « Pourquoi as-tu fait ça? Tu ne sais pas que c’est bête de faire ça ? » ou « Tu devrais t’excuser ».
Au CJ, nous nous focalisons sur les actions : « As-tu laissé un pinceau non lavé dans l’évier ? » « As-tu pris un iPad dehors ? » « As-tu oublié de ranger ton déjeuner ? » Les pourquoi et les émotions sont importants, mais en se focalisant sur les actions, il n’y a plus de pression pour que l’enfant dévoile quelque chose d’intime ou les émotions avec lesquelles il est en difficulté.
Le CJ dit « Nous t’acceptons, avec tes émotions. Ce sont tes actions qui vont à l’encontre des limites du collectif ».
Les membres du comité du justice sont assis autour du délégué. Le plaignant, qui a été témoin de la transgression de règle et qui a rédigé la plainte ; et la personne qui fait l’objet de la plainte, qui aurait transgressé une règle.
Et vous savez quoi ? Les membres du personnel peuvent aussi être l’objet d’une plainte. En d’autres termes, des élèves peuvent rédiger une plainte contre des adultes quand ceux-ci transgressent des règles.
Et vous savez quoi ? Bien sûr que nous en transgressons. Faire des erreurs est humain. Un de nos rôles en tant que membre du personnel est de donner un exemple de ce que c’est d’être responsable. Quand j’oublie de dire au responsable du ménage que je vais être en retard pour l’heure du ménage, ou quand j’oublie de ranger la caméra, ou quand je sors de l’école sans remplir la feuille des sorties, une plainte peut être déposée contre moi par un élève ou un membre du personnel. Et j’en suis contente. Les élèves et les membres du personnel reconnaissent que le message du CJ n’est pas que tu es une mauvaise personne ou un fauteur de trouble, mais plutôt : « nous nous sommes tous mis d’accord sur les règles du collectif, nous en sommes tous responsables, et si nous enfreignons une règle, nous avons l’obligation de faire des réparations ». Vraiment, ça fait du bien.
Une des expériences les plus gratifiantes est de voir un élève, particulièrement lorsqu’il vient d’une autre école où il a été étiqueté fauteur de trouble, ou encore quelqu’un ayant peur de causer des troubles et qui a appris à fuir et à mentir, réaliser qu’avoir les moyens d’assumer ses actions et de permettre aux autres de faire de même est en fait très puissant. Ils aiment leur école, et veulent contribuer à ce qu’elle demeure un endroit sûr et en ordre.
Au CJ, les 2 parties expliquent leur version de l’histoire. Le comité les questionne pour comprendre ce qu’il s’est passé, ils délibèrent afin de voir si une règle a été enfreinte, et laquelle. Et la personne qui est objet de la plainte peut proposer une action pour réparer.
Le Conseil d’École
Et d’où viennent les règles ? Eh bien du Conseil d’École ! Il a lieu toutes les semaines.
Le Conseil d’École est composé d’élèves et de membres du personnel et c’est un peu comme le proviseur de l’école. Il créé les règles et les procédures de l’école, vote les budgets, engage les membres du personnel, et supervise tous les aspects quotidiens de la vie de l’école.
Tout le monde a un vote et les adultes n’ont pas de droit de veto.
Nous les adultes pouvons perdre face à la majorité, comme tout le monde, malgré tous les arguments préparés avec soin.
Et c’est souvent à ce moment-là que quelqu’un demande :
« Pourquoi ne votent-ils pas pour recevoir une livraison d’un camion de bonbons ? »
Ou bien « Est-ce que ce n’est pas comme dans Sa Majesté des Mouches ? ».
Je répondrais que vous sous-estimez les enfants. Ils ne font pas n’importe quoi quand il s’agit de la lourde responsabilité de faire fonctionner l’école. Ils ont aussi envie de se sentir en sécurité. Ils ont un sens aigu de ce qui est juste, et agissent en conséquence. Ou alors ils sont en train de l’apprendre…
Ce qui leur manque en expérience est souvent compensé par leur pensée naturellement divergente, qui leur permet de voir des solutions que les adultes ne voient pas. Ce sont d’excellents partenaires pour diriger l’école.
Et vous savez ce que j’aime dans Sa Majesté des Mouches ? Les enfants, dans cette histoire. Ils n’ont pas été dans une école comme la nôtre. C’est pour ça qu’ils ne savaient pas gérer la liberté et la responsabilité.
Le Comité de Justice et le Conseil d’École apportent de nombreuses opportunités pour apprendre ces choses. Ce que d’autres écoles pourraient inclure dans des classes d’éducation civique, de débat, d’éthique ou de sociologie fait partie du quotidien de notre école.
Ce qui m’amène à notre deuxième pilier fondamental…
La vie en tant que programme
Ça, c’est un peu plus dur…
Si on se base sur le fonctionnement de l’école conventionnelle, on pourrait penser que la manière d’apprendre d’un enfant, c’est en s’asseyant sur une chaise, et en suivant les indications du professeur.
Mais nous sommes d’accord que l’apprentissage à l’école, c’est surtout pour les tests, et ensuite tout est vite oublié une fois que le test est passé !
Nous pensons qu’il existe une bien meilleure manière d’apprendre.
L’apprentissage est bien trop important pour être assimilé à une corvée ou à de la contrainte.
Je vous demande de repenser à ça juste avant d’aller un peu plus en profondeur dans la philosophie, car le devenir des anciens élèves est bon.
Depuis des décennies, des élèves Sudbury ont intégré des universités, ont obtenu des diplômes, ont passé les tests qu’ils devaient passer, sachant ce qu’ils devaient savoir.
Liste partielle des universités où des anciens élèves Sudbury ont été acceptés
Nous envoyons nos enfants ici car nous voulons qu’ils aient le choix. Les écoles Sudbury ne croient pas qu’il y ait un ensemble de connaissances prédéterminées que les enfants devraient savoir à un certain âge.
L’apprentissage de la lecture, de l’écriture ou l’apprentissage des mathématiques fondamentaux sont importants parce que ce sont des outils utiles qui donnent plus d’indépendance aux enfants et leur permet de faire ce qui les intéresse.
Les enfants sont naturellement attirés par l’apprentissage de ces compétences.
Dans les écoles Sudbury, les enfants sont acceptés pour tous leurs styles d’apprentissage uniques. Nous ne sommes pas une école pour ceux qui apprennent différemment. Nous sommes une école pour toute personne qui apprend.
Tel enfant va passer des heures calmes à lire des livres illustrés, telle autre se lasse vite de ces livres mais est profondément engagée dans des projets sociaux comme une construction ou faire un film ou des expérimentations scientifiques. Tel enfant va écouter les conversations des adultes, et se souviendra de tout ce qu’il a entendu car il absorbe les connaissances comme une éponge. Telle enfant est observatrice et et précautionneuse et s’assure toujours de sa sécurité avant de s’aventurer sur un terrain qui ne lui est pas familier. Tel autre enfant est audacieux et intuitif et va la tête la première, en comblant ce qui lui manquait après dans un esprit de « fake it till you make it » (fait semblant jusqu’à ce que tu y arrives naturellement).
Cette citation de Carol Black décrit ce à quoi ressemble le quotidien de Arts &Ideas
« The world needs all kind of learners and pursuers of knowledge. »
(Le monde a besoin de tous les types de personnes qui apprennent et recherchent le savoir.)
Ici, les enfants peuvent être eux-mêmes. Ils peuvent s’ancrer dans leurs forces. C’est ensuite plus facile pour eux de sortir de leur zone de confort et d’essayer des choses difficiles.
Vous savez, ce qui est difficile est beaucoup plus intéressant et les enfant se dépassent tout le temps.
Pendant que les enfants apprennent les bases, ils apprennent aussi quelque chose de très important qui ne peut être enseigné. Ils apprennent à trouver des solutions, et à défendre leurs causes et leurs intérêts. Par exemple, lorsqu’un enfant ne sait pas encore lire l’heure, mais a besoin de s’inscrire sur la feuille pour utiliser les ordinateurs, il a besoin d’aller trouver quelqu’un pour lui demander de l’aide. Cela peut nécessiter de surmonter sa timidité à ce moment-là, de traverser une confusion momentanée, ou de trouver une bonne ressource. Ou si un enfant ne sait pas lire ou écrire, mais veut écrire de la fan-fiction, ils pourrait s’y consacrer et se rendre compte qu’il ya des versions karaoké sur YouTube de cette chanson dont il connait toutes les paroles et il peut écrire ce mot et cette chanson qu’il veut dans l’histoire qu’il écrit.
Et c’est vrai. Les enfants qui ne savent pas écrire ou lire se sont donné les moyens d’écrire leur propre fan-fiction.
Personne ne leur a dit qu’ils ne pouvaient pas !
Les enfants sont des génies. Nous leur laissons le temps et l’espace pour être des génies. Vous pourriez même dire que nous sommes une école pour les enfants doués…
Parce qu’ils le sont tous !
La structure
Le Conseil d’École offre encore plus de structure pour apprendre des compétences, acquérir des savoirs et gérer des responsabilités en créant des associations.
Les associations gèrent le matériel et les règles dans les domaines qui sont le mieux géré par les groupes de personnes qui souhaitent s’y consacrer, comme la bibliothèque, ou du matériel onéreux ou sophistiqué comme dans la musique, les travaux de construction,...
L’association musique est chargée de créer les règles concernant l’utilisation des instruments de musique et de l’équipement.
L’association atelier est chargée de maintenir la sécurité de l’usage des outils sympas comme ceux-là.
L’association animaux s’assure que les poules sont bien prises en charges et nourries.
L’association art utilise son budget pour acheter les fournitures et le matériel que ses membres souhaitent.
L’association cuisine supervise toutes les activités qui ont lieu dans la cuisine.
Les association ont leur propre budget et le gèrent sur toute l’année.
L’association cuisine gagne de l’argent en planifiant sur l’année l’achat, la cuisine et le service du déjeuner certains vendredis aux autres membres de l’école.
« Combien de parts dans 500 g de hamburger ? »
« Combien de kilos vont nourrir 30 personnes ? »
« Avons-nous fait un bénéfice ? » ou « Pourquoi avons-nous perdu de l’argent sur le dernier déjeuner ? »
Pas des exercices sur papier, mais la vie comme programme.
Et autre chose : tu peux faire des erreurs, et ne pas être un raté.
Effectivement lorsqu’une recette dit qu’il faut faire fondre le beurre, c’est mieux de fondre le beurre.
Bien sûr il y a des procédures et des techniques, des compétences et connaissances que nous voulons voir maitrisées par nos futur.e.s chef.fe.s cuisinier.e.s, futur.e.s scientifiques, médecins, artistes, membres du Conseil Municipal et mécanicien.ne.s.
Mais lorsque les enfants Sudbury poursuivent une instruction formelle dans le domaine de leur choix, leur expertise sera basée dans une réelle fondation socio-émotionnelle.
Faites une recherche sur Google : « Que recherchent les employeurs lorsqu’ils recrutent ? » ou encore réfléchissez à ce qu’il faut pour lancer sa propre entreprise.
Ces qualités – ces compétences de vie (life skills) – ne peuvent pas être enseignées. Elles doivent être apprises.
Pour les apprendre il y a besoin de temps et de structure ; la structure d’un collectif avec des règles et des limites, au sein desquelles chacun a la liberté de faire des erreurs, et être pleinement soi-même.
Nous entendons souvent, « Mes enfants ont besoin de structure, alors A&I ne leur correspondrait pas. »
Nous avons beaucoup de structure. Ce que nous n’avons pas, ce sont des programmes qui occupent chaque minute de la journée.
Il existe une croyance comme quoi les enfants ne pourraient pas gérer leur liberté et qu’ils ont besoin d’être dirigés pour rester occupés. Mais nous constatons l’inverse. Les enfants, et surtout les plus jeunes, sont occupés du moment où ils arrivent à l’école jusqu’au moment où ils en repartent en rechignant. Et s’ils sont dans un moment plutôt creux où ils se confrontent à l’ennui, il vont se poser des priorités et traverser cette phase. De toutes façons, ils pratiquent des compétences qui vont les aider durant tout leur vie.
Alors, si nous ne proposons pas d’emploi du temps, comment les enfants s’orientent-ils ?
Notre structure est d’abord visible via notre règlement intérieur, qui contient plus de 300 règles et procédures pour faire fonctionner l’école. Mais celles-ci existent non pas comme directives sur les individus et comment ceux-ci devraient utiliser leur temps, mais plutôt comme une promesse que nous avons fait envers notre communauté.
Ce qu’elles établissent, ce sont des limites au sein desquelles chacun peut créer sa propre structure, en n’y incluant pas d’emplois du temps.
C’est ça que nous disons quand nous parlons de liberté.
Et vous savez quoi ? Les enfants créent leur propre structure.
Le jeu
Un autre mot pour la structure que les enfants créent pour apprendre les choses importantes serait … le jeu.
Ou si vous voyiez des adultes le faire, vous l’appelleriez : brainstorming, analyse, invention, expérimentation, approfondissement ou résolution de problème.
Nous définissons le jeu comme une activité sans devenir défini.
Cette vidéo pourrait continuer pendant 3 heures si nous essayions de décrire tous les bénéfices du jeu. Pour l’intelligence émotionnelle, la santé, la créativité, leur capacité à gérer le stress et les conflits relationnels, la concentration et la maîtrise de compétences.
Les enfants ont besoin de jouer. Les adolescents ont besoin de jouer. Et si vous êtes un adulte, avec un peu de chance vous jouez encore aussi.
Je vois souvent des groupes d’amis jouer dehors et ensuite reprendre ces mêmes capacités relationnelles et créatives en intérieur, pour construire et jouer avec l’ordinateur.
Les écrans
Nous apprécions les écrans et les ordinateurs en tant que super ressource et outil pour jouer et apprendre.
Nous ne limitons pas le temps devant les écrans tout comme nous ne limiterions pas combien de temps un enfant jouerait sur une balançoire ou au piano ou lirait.
Au sein de notre environnement auto-dirigé et démocratique, les ordinateurs sont simplement une ressource parmi d’autres disponibles. L’une n’est pas meilleure que l’autre pour un enfant qui est en train d’apprendre tout sur le monde pour se préparer au monde adulte.
La conversation
Quel que soit à quoi à ressemble le jeu, vous trouverez toujours des élèves parlant entre eux durant ces activités.
La conversation est la manière avec laquelle les enfants commencent à organiser leur monde. Ils apprennent à prendre du recul et à collaborer. Ici, c’est : parlez à vos voisins !
Le jeu, la conversation, la vie en tant que programme et la démocratie ont lieu dans un environnement d’âges mélangés, qui est le dernier pilier fondateur qui définit une école Sudbury.
Le mélange des âges
Tout ce que j’ai décrit jusqu’à présent a lieu dans un endroit où les enfants sont libres d’être avec d’autres selon leurs centres d’intérêt plutôt que leur année de naissance. Il y a tellement d’avantages lorsque tout le monde n’est pas dans une ségrégation et une monoculture d’âge.
Les enfants plus âgés ont le droit de faire durer leur enfance, tout en se préparant pour leurs prochaines étapes vers la vie adulte. Ils ont encore le droit d’être des enfants, peuvent aussi prendre plus de responsabilités et se confronter à des sujet plus complexes. C’est aussi difficile d’être un ado grognon lorsqu’un élève de 5 ans passe en portant une boite sur la tête et demande comment on épelle la règle du dérangement pour le CJ :)
Les jeunes enfants développent de très bonnes compétences en communication car ils sont écoutés et leurs opinions sont prises en compte. Aussi, ceux qui sont plus avancés dans certains domaines peuvent rejoindre d’autres avec des compétences similaires, et les enfants qui ont besoin d’un peu plus de temps n’ont pas d’étiquette et ne sont pas mis à part. Ils peuvent aller à leur rythme.
Une des choses les plus importantes dans le mélange des âges, c’est que le harcèlement et la cruauté sociale sont énormément réduits. Cela crée un environnement plus accueillant et humain.
Le mélange des âges est un ingrédient magique. Et d’ailleurs, dans quelle situation de travail travaillez-vous seulement avec des gens du même âge ? Par exemple, Phil, derrière la caméra, a 27 ans de moins que moi, et nous travaillons ensemble.
Le mélange des âges, une démocratie opérante, et la vie en tant que programme sont les fondations de notre école.
Sécurité, confiance, temps, structure, possibilité de définir leur vie dans les contraintes d’une communauté vivante et sûre: ce sont les ingrédients qui font que cela fonctionne.
Nous avons commencé en vous donnant notre « this we believe » statement. Et c’est ce que nous sommes depuis 2008.
De nombreux parents viennent vers nous car ils se sont renseignés et sont conscients de ce qui est important pour eux, dans leur vie et dans leur propre scolarité, ce qui les a aidé et ce qui ne les a pas aidé. Ils pensent à leur enfant dans un futur que nous ne pouvons prédire, en sachant que se préparer au futur devrait être à propos de vivre le présent – leur vitalité, toutes leurs forces et dons nourris et préservés.
Laissez-les être des enfants. Pourquoi se précipiter ?
