Pourquoi venir tous les jours à l'ESL, et non pas "à la carte"?

Si on peut jouer toute la journée à jouer à l’ESL, quel intérêt peut-il y avoir à y aller tous les jours ?

Est-il possible de venir de temps en temps seulement, pour voir des copains/copines et faire quelques activités ?

Qu’est-ce qui différencie cette école d’un centre de loisirs où l’on pourrait venir « à la carte » ?

Venir à l’ESL, ce n’est pas « juste » venir jouer, voir des copains/copines et faire des activités de découverte (même si tout cela est très important)

Venir tous les jours, c’est s’engager. S’engager dans la continuité, dans 3 domaines principaux :

- La vie en groupe

- L’autonomie

- La recherche des activités qui donnent du sens à sa vie.

 
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La vie en groupe

Les gens de l’école, ce n’est pas la famille et ce ne sont pas que des amis. C’est un groupe nombreux et mixte, avec des élèves de tous les âges, et des adultes qui ne font pas partie de la famille. Les autres élèves, ce ne sont pas que des gens que l’on a choisis. Il y a des amis, des connaissances, mais aussi des personnes avec qui l’on n’a pas particulièrement d’affinités, voire peut-être des “ennemis”.

Ce sont des personnes avec qui l’on peut partager des opinions communes sur la vie, et d’autres qui ont une vision du monde complètement opposée.

Venir tous les jours, c’est apprendre à composer avec toute cette pluralité d’opinions et de caractères. C’est pouvoir vivre avec les gens avec qui l’on s’entend et d’autres avec qui l’on ne s’entend pas vraiment. C’est faire groupe avec des gens avec qui on est d’accord, et d’autres avec lesquels on est en désaccord profond.

C’est un peu comme dans le monde du travail : il y a des gens avec qui l’on doit travailler, collaborer, et avec qui l’on ne choisirait pas de passer du temps amical en dehors du travail.

S’engager à venir régulièrement, sur une durée longue, permet d’apprendre à vivre avec cette diversité.

Dans la durée, même les relations avec les amis ne sont pas toujours roses. Avec le temps, elles peuvent devenir plus complexes.

Un exemple vécu à l’école l’année dernière : Une élève de l’école ne supportait pas de perdre. Au début, ses amies la laissaient gagner, pour qu’elle ne pleure pas. Mais au bout d’un moment, elles en ont eu marre de la laisser gagner tout le temps. Elles ont pu parfois perdre leur calme et hausser le ton. Cette élève se sentait blessée. Puis elles se sont reparlé, et ont trouvé des solutions. Cette élève sensible s’est rendue compte, au fil des semaines, qu’elle ne pouvait pas faire une crise de pleurs à chaque fois qu’elle perd, car sinon plus personne n’aurait envie de jouer avec elle. Elle a pu voir aussi que, pour que ce soit un plaisir pour chacun, il faut que chacun puisse à tour de rôle gagner. Elle a pu se rendre compte que tout le monde perd, et que ce n’est pas si terrible que ça.

Globalement, ce groupe de filles était assez soudé, et elles jouaient régulièrement l’une avec l’autre, « échangaient » les partenaires de jeu. Au fil des mois, elles expérimentaient les disputes, les réconciliations, ce qui blesse l’autre, ce qui lui fait du bien, le jeu à 2, le jeu à 3, le jeu en groupe, les compromis, la compréhension du point de vue de l’autre. Tout ça par l’expérience plutôt que la théorie.

Ça peut peut-être paraître trivial, mais ces expériences sont fondamentales.

La qualité de nos relations humaines est essentielle dans tous les domaines de la vie : personnelle, familiale, amicale, professionnelle.

J’ai lu plusieurs témoignages de personnes ayant côtoyé des anciens élèves d’écoles Sudbury qui notaient l’aisance avec laquelle ces derniers dénouaient des conflits et moments de tension. Une qualité très utile dans la vie !

 
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L’autonomie et l’initiative

Venir à l’école, c’est venir dans un lieu en dehors de la famille, où les parents ne sont pas présents, ni pour aider, ni pour approuver ou désapprouver un choix.

Cela permet d’expérimenter la vie loin du regard parental : trouver ses propres solutions face aux problèmes du quotidien, en cherchant dans ses ressources internes pour accomplir un projet, par exemple en demandant de l’aide aux autres élèves ou aux adultes de l’école.

Ici, l’enfant ne regarde pas d’abord ses parents ou ses enseignants pour trouver la solution. Il n’apprend pas à dépendre de l’appréciation de son professeur ou de son parent pour savoir si ce qu’il fait est bien. Il se base sur son évaluation de ce qu’il fait, et éventuellement celle de ses amis, ou des adultes présents à l’école, s’il leur demande.

« Qu’est-ce que je veux faire ? Comment le faire ? Quand est-ce que j’ai assez fait ? »

Il doit d’abord se poser ces questions à lui-même.

Venir tous les jours à l’école, c’est prendre l’habitude de se poser ces questions, et d’y répondre par soi-même.

C’est aussi devoir être autonome pour initier des choses. Ici, l’élève peut dire « ce serait bien que... » Mais pour qu’il y ait une concrétisation, c’est à lui d’être le moteur. L’adulte ne va pas le faire à sa place. Cela ne veut pas dire qu’il doit tout faire tout seul. Mais si quelque chose l’embête, à lui d’aller en parler à la personne concernée, ou de faire une proposition au Conseil d’École.

À lui de décider si et comment il veut préparer le brevet. À lui de décider si aujourd’hui il va jouer avec telle ou telle personne, s’il va dessiner, aller dans la salle de motricité, aller sur YouTube ou jouer à des jeux vidéos. S’il s’ennuie, à lui de trouver ce qu’il a envie de faire.

Pratiquer ces décisions au quotidien, cela forge une habitude et une confiance en soi. Ça développe une capacité à trouver quoi faire par soi-même, sans chercher l’approbation des autres. C’est une capacité de « self-starter skill » (qui peut se traduire par la capacité de prise d’initiative) qui est utile pour tout le reste de la vie.

 
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Trouver les activités qui ont du sens pour soi

Ici, personne ne dit aux élèves ce qu’il serait bien de faire. C’est à l’élève de décider ce qu’il fait.

Venir tous les jours, c’est devoir se demander ce qu’on veut faire, tous les jours. C’est commencer à se poser des questions existentielles, assez tôt dans la vie.

Qu’est-ce qui fait sens pour moi ? Qu’est-ce que j’aime faire ? En quoi suis-je fort ? Comment je me sens quand je fais telle ou telle activité ? Qu’est-ce que je voudrais faire comme métier plus tard ?

Ces questionnements sont très personnels. Et pour pouvoir trouver des réponses satisfaisantes, il faut du temps.

Dans les écoles à pédagogie conventionnelle, les enfants et adolescents ont peu le temps de se poser ces questions. Leur esprit est rempli de tous les cours, devoirs, évaluations et toutes ces autres contraintes qui leur sont imposées.

À l’ESL, ils ont le temps de se poser ces questions et de trouver leurs réponses en essayant de nombreuses choses.

C’est tellement essentiel pour pouvoir mener une vie plus épanouie !




Inscrire son enfant à l’ESL, c’est penser qu’il est important de pouvoir, tous les jours :

- être avec les autres,

- expérimenter l’autonomie.

- avoir le temps de se poser des questions existentielles, et de trouver ce qui fait sens pour soi.

Toutes ces expériences se font sur la durée. Sur plusieurs années.

Cécile ProkopComment