Ne rien faire

Que signifie « ne rien faire » ?

« Ne rien faire » c'est parfois faire beaucoup de choses, visibles ou non...

Dans cet article, Scott Gray, membre du personnel de la Sudbury Valley School, partage ses réflexions sur cette activité tellement importante qu’est « ne rien faire ».

Je remercie la Sudbury Valley School de m’avoir autorisée à publier une traduction de cet article sur ce blog.




Il y a une stigmatisation des gens qui semblent ne « rien faire ». La plus grande peur de la plupart des adultes vis-à-vis des enfants qui s’inscrivent à Sudbury Valley est que ces enfants ne feront rien. Ces peurs proviennent de l’incapacité de voir qu’il est rare que les personnes ici ne fassent vraiment « rien ». Quand ces personnes souffrent déjà d’un manque de respect (comme c’est globalement le cas pour les enfants dans notre société), l’idée même de ces personnes ne faisant rien est traitée avec mépris et peur.

Pour commencer, des incompréhensions viennent de l’emploi du mot « rien » lorsqu’il est utilisé au lieu de l’expression plus complète et pertinente : « rien qui n’ait du sens pour quelqu’un qui n’a pas le même niveau de connaissance et d’attention que moi à l’égard de l’ensemble des intérêts, des questions, des idées, des préoccupations, des événements, des lieux et des choses pour lesquelles je dépense mon énergie. » Quand des adultes disent à d’autres adultes qu’ils ne font « rien », tout le monde part du principe que c’est une manière polie d’éviter le grand effort que serait la description de choses d’intérêt limité. Mais il est clair que peu d’adultes comprennent ce mot de la même façon lorsqu’il est prononcé par des enfants.

Une partie de ce « rien » qui tourmente les gens est clairement « quelque chose ». Par exemple, la conversation avec d’autres gens est souvent minimisée et vue comme du simple papotage. En réalité, toutes ces connexions participent à élargir nos horizons, à s’enrichir de la perception de ceux qui nous entourent en examinant leur vision du monde, et à expérimenter des idées et des pensées avec d’autres personnes.

Lorsque l’on regarde les publications de l’école à propos des choses passionnantes qui s’y passent, on peut voir des vidéos fascinantes d’élèves qui confectionnent des maisons en pain d’épices, qui font de la musique, de l’art, qui se consacrent à la justice ou à la législation de l’école. Tout cela ressemble à quelque chose. On lit qu’il est question de randonnée, de voyages en camping, de projets de construction, de mariages, de snowtubing. On voit des photos de skate, de ski, de danse, de gravure, de pêche et de l’intense travail de chaque enfant. Quelque chose, à chaque fois.

 
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Mais une partie de ce travail important et intense n’apparaîtra jamais sur les vidéos ou dans les albums photos, précisément car ce travail doit être accompli seul et sans interaction visible avec les gens ou le monde environnant. Pensez aux activités suivantes:

· Méditer – relâcher un moment les inquiétudes et préoccupations, et faire le ménage dans ses pensées.

· Réfléchir – mener une conversation interne, et remettre ses pensées en ordre à propos d'événements passés.

· Observer – aller à la pêche aux informations sur le monde, laisser le courant de la vie passer, les oreilles et les yeux grand ouverts.

Parce que ces activités mentales sont personnelles, et pratiquées de manière différente d’un individu à l’autre, nous ne savons jamais avec certitude ce qui se passe. Ce qui donne l’impression que les personnes qui se livrent à ce type d’activités sont en train de ne « rien faire ».

Oui, il y a toujours beaucoup d’effervescence dans l’école. Il y a toujours des évènements. Il y a toujours des choses à faire. Mais je veux remercier l’école d’être un lieu où tant d’activités qui semblent n'être “rien” peuvent se dérouler sans interférence.