« Avez-vous un code vestimentaire dans votre école ? »
Pourquoi porter une casquette ou un autre chapeau ne serait pas autorisé ?
Qu’est-ce qui se cache derrière la volonté de chacun·e de pouvoir porter les vêtements qui lui plaisent ?
Dans cet article, publié initialement le 11 mai 2015 sur le blog de la Sudbury Valley School, Hanna Greenberg, co-fondatrice et membre du personnel, partage ses réflexions sur ce sujet. Je remercie la Sudbury Valley School de m’avoir autorisée à publier une traduction de cet article sur ce blog.
Souvent, nous, les adultes, ne comprenons pas pourquoi les enfants accordent tant d’importance à des choses qui nous semblent triviales. La mode vestimentaire en est un bon exemple. Cela a certainement été un sujet de désaccord entre les jeunes et les adultes depuis le début de l’Histoire, mais, tout récemment, j’ai été confrontée à ce problème en discutant de la règle d’une école publique, qui interdisait aux élèves de porter un couvre-chef à l’école.
Photo issue du site de la Sudbury Valley School
Lors de portes ouvertes de l’école Sudbury Valley, le 18 octobre 2014, je discutais avec une charmante fille âgée de onze ans et ses parents. La première question qu’elle m’a posée était : « Avez-vous un code vestimentaire dans votre école ? » Cette idée m’était si étrangère qu’elle m’a laissée perplexe une minute, puis j’ai répondu avec ironie : « Oui. On ne peut pas venir nu à l’école ! » Nous avons tous ri, et la jeune fille répondit très sérieusement que cela lui paraissait sensé, mais que dans son école, il était interdit aux élèves de porter des chapeaux. Je me suis demandé pourquoi cette question était si brûlante pour elle, au lieu des questions habituelles concernant les évaluations, les devoirs, les cours ennuyants, etc. Puis j’ai compris, comme si j’avais posé la dernière pièce d’un puzzle de 3000 pièces.
J’étais là, assise avec cette jeune fille à la personnalité affirmée, qui avait décidé qu’elle devait à tout prix se protéger de l’ingérence des autres dans sa vie privée. Porter un chapeau est important pour elle, non pas à cause du chapeau en lui-même, mais parce qu’elle sent qu’autoriser autrui à lui imposer quoi que ce soit concernant son image est une situation très dangereuse. Céder ne serait-ce qu’un peu dans ce domaine pourrait lui faire perdre tout ce qu’elle est.
Photo issue du site de la Sudbury Valley School
À son âge, elle pressent cette vérité, mais est encore incapable de l’exprimer et d’expliquer pourquoi le problème du chapeau est si important pour elle, ni d’expliquer pourquoi elle s’entête et refuse de se conformer aux adultes qui exigent qu’elle obéisse à des règles arbitraires. Comme tant d’enfants partout dans le monde, elle sait très bien pourquoi les écoles établissent ces règles arbitraires. C’est une question de contrôle, qui découle d’une volonté de briser les élèves pour les faire entrer dans un moule prédéterminé.
Photo issue du site de la Sudbury Valley School
Nombre d’enfants se conforment, mais certains ne le font pas, car ils ont compris de quoi il retourne. Ils refusent d’obéir à des règles considérées injustes, et finissent profondément insatisfaits dans leurs écoles.
Les plus chanceux et chanceuses trouvent la Sudbury Valley School, où les élèves sont respecté·e·s et accepté·e·s pour qui ils/elles sont, et donc libres d’employer leur énergie pour devenir la personne qu’ils/elles doivent devenir.
À l’École Sudbury Lilloise, projet d’école basé sur le modèle de la Sudbury Valley School, les enfants et adolescent·e·s de 4 à 19 ans interagiront librement et décideront de l'organisation de leurs journées.
Les élèves apprendront ainsi à penser par eux-mêmes, à accéder aux connaissances dont ils/elles ont besoin par de multiples moyens, et apprendront à argumenter et à se confronter à des problématiques complexes. À travers les activités auxquelles ils/elles décideront de se consacrer, les élèves apprendront les connaissances de base. Les enfants et adolescent·e·s apprendront à prioriser, à consacrer les ressources nécessaires pour atteindre leurs objectifs et à travailler avec les autres dans un groupe. Ils/elles exploreront le monde librement, à leur rythme, à leur manière, dans un climat de confiance et de respect. En étant responsables de leur parcours et de l’école, les élèves acquerront les ressources intérieures pour mener leur vie.